samedi 13 octobre 2007

Strategic Air Command - Naissance du SAC


Au cours de l'immédiat après-guerre, la plus grande partie des nations alliées réduirent leurs forces militaires.

Les Etats-Unis, en raison de la détérioration des relations avec l'Union Soviétique, furent les premiers à revenir aux dures réalités. Les crédits du budget militaire furent largement réouverts. C'est ainsi qu'en mars 1946, le Strategic Air Command (SAC) vit le jour.

L'entente qu'étaient parvenues à réaliser, non sans mal, les trois grandes puissances alliées de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union Soviétique, se désagrégea rapidement après la capitulation nazie. La suspicion laissa la place à une hostilité à peine voilée. Ce climat dégénéra peu à peu, aboutissant à des conflits déclarés entre des pays qui avaient choisi des voies différentes.

La guerre de Corée et la guerre d'Indochine furent la manifestation la plus évidente de cette grande confrontation idéologique des années cinquantes, mais la Guerre Froide se situa en fait à plusieurs niveaux parfois difficilement perceptibles. Un des aspects les plus significatifs de cet affrontement, et aussi un des plus visibles, fut la croissance incroyablement rapide du Strategic Air Command, un commandement qui n'existait pas à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et sur lequel allait pourtant reposer pendant plus de dix ans la capacité nucléaire américaine.

Créé le 21 mars 1946 pour constituer un des trois principaux commandements de l'US Army Air Force (USAAF), le SAC hérita d'abord d'un parc quelque peu hétéroclite, et dans une large mesure dépassé, comprenant des bombardiers, des chasseurs d'escorte et des avions de reconnaissance.

Le plus important de ces avions des premières années d'existance du SAC fut sans conteste le B-29 Superfortress, vétéran éprouvé de la Guerre contre le Japon en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique.

Les premiers mois d'existence du SAC furent surtout une période d'adaptation et de consolidation. De fait, à la fin 1946, cette organisation avait sensiblement diminué en taille, essentiellement en raison de la démobilisation prise dans l'immédiat après-guerre. Au point qu'elle ne contrôlait plus que neuf groupes de bombardiers, dont six de B-29. Néammoins, les armements et les concepts opérationnels du futur étaient déjà en cours d'examen et d'élaboration, ainsi qu'en témoignent les essais atomiques de l'atoll de Bikini, en juillet 1946, et le déploiement des B-29 du 28th Bomb Group, en octobre de la même année, de Grand Island Army Air Field (Nebraska) jusqu'à Elmendorf AAF (Alaska). Ce déploiement illustre un aspect particulièrement important des opérations conduites par le SAC jusqu'au milieu des années soixantes.

Doté désormais de base durables, le Strategic Air Command entreprit de s'étendre et d'accroître ses moyens au cours de l'année 1947. C'est ainsi que le nombre de ses bombardiers fit plus que doubler en l'espace d'une année, même s'il est douteux que la capacité offensive globale se soit accrue dans des proportions considérables.

En effet, le B-29 restait l'élément de base de l'aviation de bombardement stratégique, ce qui apparut pleinement en mai 1947, lorsque la première mission opérationnelle à longue distance fut organisée. Ce fut pour l'essentiel un exercice d'entraînement qui culmina avec une attaque simulée de New York. Les responsables constatèrent à cette occasion que, sur les 131 B-29 participant à l'exercice, 30 ne purent décoller. Cependant, de nombreux équipements étaient prévus, et l'année qui suivit se révéla décisive.

1948 vit naître deux nouveaux modèles de bombardiers lourds, et vit apparaître les systèmes de ravitaillement en vol. Mais l'action la plus lourde de conséquence fut la désignation d'un nouveau commandant énergique: le général Curtis E. LeMay, l'ancien chef de la 20ème US Air Force qui avait bombardé quotidiennement le Japon à partir des îles Mariannes.

Nommé pour dix ans, LeMay succéda le 19 octobre 1948 au général George C. Kenney. Très vite, il sut s'imposer à tous les niveaux du SAC, prenant des mesures originales et spectaculaires, telle la promotion rapide accordée aux équipages les plus méritants, augmentant le rythme des rotations d'entraînement et l'étendant même à certaines bases à l'étranger.

L'"Ere LeMay" commençait, et elle représentera le sommet de l'histoire du Strategic Air Command, dans la contexte où les réalisations correspondaient à ses ambitions. Il est juste de dire que le SAC s'est littéralement transformé sous la direction dynamique de LeMay.

L'organisation aurait-elle atteint tous ses objectifs dans un contexte de paix internationale? La réponse relève du domaine de la conjoncture. Il reste que LeMay a largement bénéficié de l'impulsion fournie par la guerre de Corée, qui éclata moins de deux ans après son arrivée.

Assurément, la Guerre Froide se "réchauffa" à cette époque de manière très sensibles, et ses effets se firent sentir dans de nombreux domaines. En particulier, le SAC bénéficia de crédits pour ainsi dire illimités, qui lui permirent l'acquisition de centaines de nouveaux bombardiers à réaction, plus modernes et plus performants que les vieux B-29. Ce concours de circonstances ne diminua en rien les mérites et l'action de LeMay, qui resta capitale.

A la fin de juin 1948, peu de temps avant l'arrivée de celui-ci, la capacité globale du SAC avait commencé à s'accroître dans des proportions considérables, notamment avec la livraison de bombardiers à réaction, des Convair B-36 Peacemaker, dont les premiers exemplaires rejoignirent le 7th Bomb Group stationné sur Carswell Air Force Base (Texas).

Quelques mois plus tôt, le B-50, version modifiée et modernisée du B-29 d'origine, était lui aussi entré en service, au sein du 43rd Bomb Group, à Davis-Montham AFB (Arizona). Toutefois, ces deux nouveaux modèles n'étaient encore disponibles qu'en petit nombre lors de la nomination de LeMay. En outre, si le B-50 s'adapta sans trop de difficultés aux conditions opérationnelles, il fallut presque trois ans pour que le B-36 deviennent pleinement opérationnel.


Liste des bombardiers lourds du SAC (1946-1950):
- Boeing B-29 Superfortress (1946-1953)
- Boeing B-50 Superfortress (1948-1954)
- Convair B-36 Peacemaker (1948-1958)

Liste des chasseurs d'escorte du SAC (1946-1950):
- Republic P-47 (F-47) Thunderbolt (1946-1947)
- North American P-51 (F-51) Mustang (1946-1949)
- North American F-82 Twin Mustang (1947-1950)
- Lockheed P-80 (F-80) Shooting Star (1946-1948)

Liste des avions de reconnaissance du SAC (1946-1950):
- Boeing RB-17G (B-17G) Flying Fortress (1946-1951)
- Boeing F-9 [F=Photorecon] (B-17F/G) Flying Fortress (1946-1948)
- Boeing F-13 et RB-29A (B-29A) Superfortress (1946-1951)
- North American F-6 (P-51D) Mustang (1946-1949)

Liste des avions de support du SAC (1946-1950):
- Douglas B-26 (A-26) Invader (1949-1950)
- Douglas C-47 Skytrain (1946-1947)
- Douglas C-54 Skymaster (1946-1975)


Boeing B-50D Superfortress avec moteurs R-4360 (1948-1954):



Boeing B-29 (1946-1953) et Convair B-36 "Peacemaker" (1948-1958):

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Suite à l'attaque d'un C-47 faisant la liaison Vienne-Udine destruction le 9 aout 1946 par l'aviation Yougoslave qui dut effectua un atterrisage forcé prés de Kranj faisant un blessé parmit les passagers et la destruction le 19 d'un autre C-47 sur le méme ligne causant la mort des 5 membres d'équipage, 6 B-29 du SAC furent envoyé à Francfort Rhein-Main. Les Etats-Unis démontrére ainsi pour la première fois leur volonté de répondre aux provocations en faisant appel à des bombardiers.

Durant le blocus de Berlin, on prépara le plan Charioteer en cas de 3e guerre mondiale. Le SAC aurait dut largué 133 bombes atomiques sur 70 villes et objectifs militaires en URSS dont 8 sur Moscou et 7 sur Léningrad ainsi que des milliers de tonnes d'explosifs conventionnelles mais le plan n'était guére réaliste car celui-ci ne disposait alors que de 300 B-29 et une dizaine de B-50.

Ce n'est qu'a partir de la guerre de Corée que l'effort de défense Américain fut augmenté de façon subtancielle.

Anonyme a dit…

Au fait, Curtis LeMay s'écrit avec un seul s.

Cela m'a étonné, le plus courant est en fait avec 2 s.