Au début de 1955, le Strategic Air Command avait nettement avancé dans ses efforts de modernisation: il possédait plus de 1000 bombardiers stratégiques B-47 Stratojet, et un nombre comparable de bombardiers tactiques, chasseurs d'escorte et d'avions de reconnaissance.
La capacité de la force de bombardement variait selon les équipements mais, à cette époque, tous les B-29 avaient été retirés du service et seuls quelques B-50 faisaient encore partie des stocks.
Après le B-47 Stratojet, le deuxième bombardier à réaction produit par la firme Boeing, le B-52 Stratofortress, était alors sur le point d'être livré. Ce fut chose faite en juin 1955.
Ce puissant bombardier stratégique, certainement le plus célèbre bombardier américain de la Guerre Froide, propulsé par huit réacteurs, montés dans quatre nacelles, deux par deux, et capable d'emporter de très lourds charges, apparut tout d'abord au sein du 93rd Bomb Wing (BW), stationné sur Castle AFB, en Californie, où il était appelé à remplacer le B-47 Stratojet. En fin de compte, plus de 600 B-52 figurèrent dans l'ordre de bataille du SAC à la fin des années cinquantes.
Véritable bombardier intercontinental, le B-52 Stratofortress n'avait nul besoin d'être mis en oeuvre depuis des bases à l'étranger pour atteindre ses objectifs. Aussi le vit-on rarement hors de l'espace aérien américain, sauf lorsqu'il remporta des records de distance en 1956 et 1962.
Au départ, le déploiement se fit conformément aux principes traditionnels du SAC, chaque Wing de B-52 possédant 45 avions répartis en trois squadrons.
Mais la menace croissante représentée par les missiles ballistiques intercontinentaux (ICBM) soviétiques et le fait qu'inéluctablement, les bases américaines deviendraient vulnérables à une attaque lancée depuis l'Union Soviétique, conduisirent à la mise au point, en 1958, d'un programme de dispersion des B-52.
Au début des années soixantes, chaque base de Stratofortress comptait en règle générale un unique squadron de 15 B-52, auquel était associée une unité d'avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker.
Parmi les autres manifestations de la crainte engendrée par le développement des missiles nucléaires soviétiques, à la fin des années cinquantes, figura la mise au point de deux nouvelles méthodes d'alerte entièrement révisées en fonction des nouvelles données stratégiques.
Le concept du "One-Third Alert" était le plus significatif. Sur chaque base du SAC, un tier des bombardiers étaient maintenus en état d'alerte permanent. Ainsi, dans l'hypothèse d'une attaque surprise par missiles, le SAC serait au moins en mesure de mettre en oeuvre le tiers de ses bombardiers pour des actions de représailles.
Bien plus révolutionnaire encore était un programme d'alerte en vol 24 heures sur 24, qui fut testé pour la première fois à la fin de 1958 par les B-52 du 42nd Bomb Wing et qui fait l'objet de nombreux essais en 1959-1960, avant d'être appliqué à deux douzaines de bases au début de 1961.
Il est certain que ce système fut pratiqué tout au long des années soixantes et qu'il fut renforcé rapidement en octobre 1962, lors de la crise des missiles soviétiques à Cuba. Finalement, avec la mise en place des missiles balistiques intercontinaux américains, qui offraient une capacité de riposte presque immédiate, les alertes aériennes se réduisirent, même si aujourd'hui l'alerte au sol constitue encore une part importante de l'activité du SAC.
Alors que la puissance nucléaire américaine reposait toujours entièrement sur les bombardiers stratégiques, les possibilités offertes par les missiles intercontinentaux à longue portée n'avaient en aucune manière été négligées.
Mais ce n'est qu'au mois de septembre 1959 que devint opérationnel le premier ICBM.
Par ailleurs, les premiers modèles de ces engins, l'Atlas, le Snark et le Titan I, réclamaient des soins considérables et constants, et surtout étaient extrêmement vulnérables dans la mesure où ils devaient être lancés depuis le sol. En outre, ils étaient d'une qualité vraissemblablement très moyenne.
Toutefois, l'avènement de l'ère des missiles annonçait le déclin progressif des bombardiers nucléaires pilotés. Des progrès importants furent réalisés par la suite dans le domaine des missiles, avec notamment la mise au point du Titan II et du Minuteman I, beaucoup plus fiables que leurs prédécesseurs et pouvant être placés dans des silos qui les rendaient infiniment moins vulnérables.
Dans le même temps, la précision de ces armes était bien supérieure.
Le rythme de développement des ICBM américains fut si rapide que, en l'espace de quatre ans et demi, le nombre de missiles en alerte dépassa celui des bombardiers pilotés.
Parrallèlement, même lorsque l'ère du missile devint une réalité, le SAC continua de recevoir de nouveaux bombardiers. A cet égard, le plus remarquable fut le Convair B-58 Hustler, qui entra en service en août 1960 au sein du 43rd Bomb Wing. Par la suite, cet avion ne fut produit qu'en petite quantité, mais ses remarquables performances furent reconnues grâce à plusieurs records établis au début des années soixantes.
Le 26 octobre 1962, les derniers exemplaires du B-52 et du B-58 furent officiellement livrés au Strategic Air Command et, pour la première fois depuis 1946, aucun modèle de bombardier ne fut conçu ni mis en commande pour les remplacer.
Par la suite, à partir de 1968, un dérivé du très controversé General Dynamics F-111 Aardvark, le FB-111A, fut produit pour le SAC, mais en nombre très restreint.
Ce n'est qu'au milieu des années quatre-vingt qu'un nouveau modèle de bombardier, le B-1B Lancer, a été commandé et mis en production, en quantité restreinte, et encore failli-t-il ne jamais voir le jour, en raison de manoeuvres politiciennes.
Le B-2 Spirit, ne fut conçu et commandé après la disparition du Strategic Air Command.
Liste des bombardiers lourds du SAC (1955-1965):
- Boeing B-47 Stratojet (1951-1965)
- Boeing B-52 Stratofortress (1955-1992)
- Convair B-58 Hustler (1960-1969)
- General Dynamics FB-111A Aardvark (1968-1990)
Liste des avions de reconnaissance du SAC (1955-1965):
- Lockheed U-2 Dragon Lady (1962-1991)
Liste des avions ravitailleurs du SAC (1955-1965):
- Boeing KC-135 Stratotanker (1957-2006)
Liste des missiles balistiques intercontinentaux ICBM (1955-1965):
- SM-65 [CGM-16] Atlas I (1955-1968)
- SM-68A [HGM-25B] Titan I (1960-1965)
- SM-68B [LGM-25C] Titan II (1963-1982)
- SM-80 [LGM-30A/B] Minuteman I (1960-1997)
Boeing B-52 Stratofortress (1955-1992):
Convair B-58 Hustler (1960-1969):
General Dynamics FB-111A Aardvark (1968-1990):
Boeing B-52H (1955-1992) et KC-135 Stratotanker (1957-2006):
SM-68B [LGM-25C] Titan II (1963-1982):
SM-80 [LGM-30A/B] Minuteman I (1960-1997):
4 commentaires:
Je signale une erreur sur votre dernier paragraphe. Le B-1B entra en service en 100 exemplaires (de façon un peu précipité avec une production "de masse" avec 25 exemplaires par an) dans les années 1980 avant la dissolution du SAC.
Pour le B-1B, vous avez raison.
Maxi mea culpa.
Le suget est tellement vaste et l'erreur est humaine, j'en fait suffisament dans mes posts pour ne pas jeter la pierre :)
Pour le F-111, son nom à un a en plus : Aardvark.
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